mercredi 21 mai 2008
Kick's nous écrit !
Passés du scepticisme au soutien actif, nous lui avons fait confiance car sa démarche semblait désintéressée, ce qui s’est vérifié par la suite. Depuis 1999, ce jeune passionné est devenu THE spécialiste de l’histoire de notre groupe (sous ses différents noms), recueillant les anecdotes et les vieux papiers, reconstituant pas à pas le déroulement des épisodes, jusqu’à écrire un premier bouquin, en envisager un second, puis aujourd’hui créer ce blog.
Car une solide connaissance de notre aventure musicale ne suffit pas. Il faut un réel talent de journaliste (ce Julien, quelle belle plume !), et la distance nécessaire (aucun de nous n’aurait pu faire cela sans partialité), pour arriver à un tel résultat. Et ce n’est pas fini : les mois et les années qui viennent apporteront leur lot de trouvailles, que nous nous efforcerons de nourrir. Le plus beau cadeau que vous pourriez nous faire, vous, visiteur de ce blog, serait de nous faire profiter d’un film du groupe sur scène, notre univers natif, là où nous prenions notre pleine mesure.
Certes, nous n’avons jamais été Led Zeppelin, mais nous sommes allés beaucoup plus loin que la formation de lycée que nous aurions pu rester. Nous avons travaillé dur pour combler les faiblesses techniques de nos débuts. Nous avons été enthousiastes, animés du feeling d’Otis Redding pour jouer des morceaux qui ne le méritaient pas toujours. Nous avons parfois été touchés par le miracle de la créativité. Nous avons surmonté mille galères. Nous avons été sincères et respectueux envers le public. Cette expérience fonde toute une vie.
La belle histoire que nous avons vécue nous revient en pleine gueule, car Julien nous la raconte sous la forme d’un documentaire actuel. Notre équipée y est restituée sans idéalisation, avec esprit critique, par un documentaliste à qui « on ne la fait pas » (le bougre est un bon musicien). C’est ainsi que nos enfants, et tous ceux qui s’y intéresseront, auront accès à un témoignage crédible.
Magie d’une technologie, tout est là, tout sera là, consultable à l’envi. Heaven Road, Satan, et Ciel d’Eté reviennent de loin... Bravo à Julien Thomas pour cette belle réalisation. Et merci à lui de redonner vie à cette « vie antérieure ».
jeudi 15 mai 2008
Heaven Road : Mil Neuf Cent Soixante Et Onze
Tous les soirs c'est pareil, je rentre du travail
Je passe au café prendre un verre
Ça me permet d'entendre pour deux ou trois cents balles
Quelques disques pas trop mauvais
Je prends mon pied devant le billard électrique
Pour oublier en écoutant cette musique
Que je m'ennuie !
Cet échec de l'implantation d'une musique pop en France s'explique en partie par le fait qu'elle ne trouve pas le contexte ou les infrastructures suffisantes pour se développer et s'épanouir. Il existe pourtant des structures qui peuvent accueillir les groupes pop, tout particulièrement les MJC, instituées par André Malraux, et les centres culturels. Mais de nombreux problèmes se posent, entre autres la question de l'insonorisation des salles et les plaintes pour nuisances sonores. A Paris et dans les grandes villes, quelques clubs constituent bien de plausibles pendants français aux mythiques Marquee, Flamingo ou Crawdaddy britanniques, mais en province !
La France se trouve également à la traîne en ce qui concerne les festivals, et ce pour un certain nombre de raisons. Alors que Monterey, Woodstock ou Wight symbolisent dans l'esprit du public français la pérennité des grands rassemblements pacifiques autour de la pop-music, l'implantation de ce type de manifestation en France est mise à mal en premier lieu par la mauvaise volonté des pouvoirs publics. En effet, nombre de festivals se retrouvent frappés d'interdiction gouvernementale. Alors que le premier évènement du genre, organisé par le label Byg et le journal Actuel, contourne la difficulté en se tenant non plus à Paris comme initialement prévu mais à Amougies en Belgique (automne 1969), d'autres passent outre et se déroulent malgré tout (Aix-en-Provence, Biot, Valbonne, à l'été 1970), mais restent marqués par des difficultés d'organisation et se soldent par des déficits financiers. Un autre facteur notable sape les tentatives des organisateurs : la resquille, spécialité bien française. C'est une idée répandue dans la France de l'immédiat après-68 et qui voudrait que la musique se doive d'être gratuite : un phénomène qui grève systématiquement le budget des organisations, comme celle du festival de Biot (4 000 entrées payées sur 25 000 – et par des spectateurs étrangers). Enfin, d'autres évènements boivent également la tasse : Saint-Gratien (avril 1971), plombé par une faible fréquentation, ou Auvers-sur-Oise (juin 1971), gâché par une pluie aussi incessante que diluvienne. La vogue de ce genre de festivals passera ainsi rapidement, malgré de beaux moments de musique, tels que le Franche-Comté Pop Festival de Montbéliard, en septembre 1972, ou le Kosmess Festival aux Arènes de Poitiers en mars 1974.
Quant à la presse spécialisée qui relaie le mouvement pop, celle-ci est volontaire mais reste marginale. Des nombreuses publications qui apparaissent à cette époque, Rock & Folk, Best, Actuel, Pop Music, Extra, Pop 2000 ou encore Le Pop, peu survivront à la pression exercée par le business. Quant à la télévision ou la radio, c'est encore le désert, malgré quelques émissions comme le « Pop Club » de José Arthur, « Campus » de Michel Lancelot ou « Monsieur Pop » de Jean-Bernard Hebey, diffusées de toutes façons à des heures tardives et par conséquent peu accessibles. Il faut d'ailleurs savoir que s'il a été institué sur les radios une limitation de la diffusion de musique anglo-saxonne (20 % de la programmation) pour préserver la production française, ce ne sont pas les groupes pop qui en profitent mais bien les yé-yé et autres artistes de variété.
Cette pression se retrouve, de façon plus prononcée encore, dans les milieux de l'industrie du disque, qui fait preuve de grande frilosité vis-à-vis de tout ce qui se révèle être un tant soit peu expérimental, et par conséquent sans potentiel commercial. Malgré que de nombreux groupes se forment, les maisons de disques restent méfiantes et ne les signent qu'au compte-goutte, à raison d'un ou deux par firme : Martin Circus et Blues Convention chez Vogue, Zoo chez Barclay, Triangle et Variations chez Pathé, Magma et Ange chez Philips. Il n'existe que peu de labels indépendants, à l'exception de Saravah, Byg ou Thélème, qui produisent des groupes underground intéressants, bien reçus par la critique, mais ne touchant pas le grand public. Alors, pour survivre, les formations françaises doivent faire le choix de s'aligner sur les critères préconisés par le hit-parade : compositions faciles, morceaux courts et dansants, refrains accrocheurs ; le but recherché étant avant tout le profit commercial et non l'éducation des masses. Et beaucoup de groupes, n'ayant pas d'autre alternative, payent de leur intégrité pour des singles dont le contenu tranche singulièrement avec ce qu'ils proposent en concert. Yves Tribaleau se souvient : « Il faut savoir quand même qu'à l'époque la rock music française se portait très mal, tous les groupes ont viré à la variété, Martin Circus, Triangle, etc… Comme Dynastie Crisis, tous les groupes français, quoi, pour pouvoir vivre. Je comprends, je ne reproche pas aux musiciens d'avoir fait ce choix-là. Moi, je crois que je ne pouvais pas assumer, j'avais une autre vision de la musique. » [5] Et lorsque ces groupes débarquent en province, ils ont beau venir de Paris (ce qui est parfois gage de crédibilité pour le public) et être auréolés d'une reconnaissance relative de la presse spécialisée, le profil adopté est plutôt bas et l'affaire tourne à la partie de baluche, pour des « galas » qui, s'ils compensent le sévère manque d'animation en province, ne feront pas pour autant décoller les ventes de disques. Sam : « On avait rencontré Jacky Chalard, qui était producteur. C'était parole d'évangile, Chalard ! Il était venu avec son groupe à Champagné, à la Fête des Lances, en première partie de C. Jérôme. Il faisait vraiment du commercial, et il nous avait dit : « Vous voyez les gars, si vous travaillez pas suffisamment, vous voyez ce qui vous attend ! » [6]
Heaven Road, photo promo 1er trimestre 1971
Heaven Road poursuit ses répétitions, dans les sous-sols de l'église de Bellevue, à Coulaines, petite ville périphérique au nord-est du Mans. S'il peut sembler insolite a priori qu'un tel lieu accueille un groupe de rock jouant du Led Zeppelin à fond la caisse, Heaven Road y établira pourtant ses quartiers durant plus d'un an. Sam se souvient même que le groupe y était même reçu de façon spécialement chaleureuse par le prêtre : « Comme on s'appelait Heaven Road, on était très bien accueilli… » [10] Et c'est à l'occasion de ces répétitions que les musiciens perfectionnent leur cohésion, et que les progrès commencent à pointer. Le groupe expérimente aussi avec bonheur les possibilités de leur chambre d'écho, « la même que Pink Floyd, une Binson à galet, qui avait vraiment un son super ! » [11]
Après avoir donné une série de concerts en Sarthe au mois de février, à l'IUT et à la Maison Sociale du Mans, ou dans les MJC de Fresnay-sur-Sarthe et Château-du-Loir, Heaven Road remonte à Paris pour participer à nouveau au tremplin du Golf Drouot, le 5 mars. Au coude à coude avec le groupe Crépuscule, Heaven Road remporte le concours, faisant grosse impression avec ses propres compositions, mais aussi de très bonnes interprétations de titres de Triangle (« Left With My Sorrow », « Peut-Être Demain »), East of Eden (« Nymphenberger ») ou Led Zeppelin. « The Lemon Song », démarquage zeppelinien du « Killing Floor » de Howlin' Wolf, est l'un des grands moments des concerts de Heaven Road, et permet à Miror de démontrer ses extraordinaires talents de chanteur. Rock & Folk, dans son numéro d'avril, fait un compte-rendu du tremplin : « Heaven Road (Le Mans) revenait le 5/3 pour montrer qu'il était en progrès considérable par rapport à ce que l'on avait vu lors de son dernier passage en janvier. » [12]
Si Heaven Road n'a en fait jamais tourné avec Triangle, il entretient avec Dynastie Crisis des liens assez privilégiés, tout d'abord dans le cadre de dates communes. A cette époque, Dynastie Crisis est l'un des groupes les plus prometteurs du mouvement pop français, même s'il n'en est pas moins victime des difficultés que nous avons pu évoquer précédemment. L'année 1971 ne sera pas facile pour Dynastie Crisis qui se trouve en conflit vis-à-vis de sa maison de disques Somethin' Else. Après quatre singles et un album, le groupe ne décolle toujours pas, miné par les galères et les difficultés de management. Au printemps 1971, Dynastie Crisis, dont Eric Clapton a même dit qu'il s'agissait de son « groupe français préféré », tourne sans relâche et prend sous son aile plusieurs groupes de province, dont Heaven Road. C'est surtout le bassiste de Dynastie Crisis, Jacky Chalard, qui s'investit dans une démarche bienveillante vis-à-vis des musiciens manceaux. Il devient leur producteur pour quelque temps, leur prodiguant de nombreux conseils, sur le plan musical mais également sur des questions de management. Chalard aidera notamment Heaven Road dans ses tentatives pour enregistrer un disque.
Une première occasion se présente bientôt. Contrairement à ce qui est annoncé dans Extra, Heaven Road ne publiera pas de simple en juin 1971, mais effectue tout de même ses premiers pas en studio quelque temps après sa victoire au tremplin du Golf Drouot. Sous la houlette du manager professionnel Yvon Botrel, qui s'occupe entre autres des Variations et de Magpye (et dont Yves Tribaleau sera même un temps l'associé), le groupe fait un essai pour la firme Polydor. « On est arrivé dans la matinée au studio Davout. Je me souviens qu'en plein milieu de la pièce trônait l'orgue de Vangelis Papathanassiou, un gros Hammond B3. » [13] Inutilisé quelque temps pendant les sessions qui aboutiront à la bande-son du film « L'Apocalypse des Animaux », l'instrument impressionnera tant nos amis qu'ils tenteront, sans succès, de l'emprunter pour faire jouer Alec dessus. « C'était davantage un essai qu'une maquette. Sur un morceau qui s'appelait « Tout », avec un texte du genre « Tout arrive un jour, il suffit de le vouloir, il faut essayer », etc… Ça donnait une sorte de scansion, avec une pulsion et une rythmique qui ont bien plu à Polydor. » [14] Créé au début de l'année 1971, « Tout » représente un nouveau cap dans la carrière de Heaven Road : il s'agit de sa toute première composition en français. Le groupe a compris qu'en préférant les textes francophones à l'anglais, il s'inscrirait mieux dans le courant pop français. C'est également un atout qui séduit énormément les maisons de disques et leurs directeurs artistiques. Il y a donc là une véritable opportunité de gagner en potentiel commercial. Mais cet essai chez Polydor ne donne rien : « A notre niveau, ça a été calamiteux. On chantait ça à cinq, puis d'entrée, ils ont décrété qu'il y en avait deux qui chantaient faux. « Non, vous là, vous chantez plus ! » Ce qui fait qu'à la fin, je me suis retrouvé tout seul à chanter ! » [15] Cet épisode laissera à Miror un souvenir amer : « J'étais furieux : j'avais vraiment l'impression qu'on nous avait tous traité comme un « produit » éventuellement « utilisable ». Pas vraiment l'esprit « StarAc », le Miror… » [16].
Heaven Road et Dynastie Crisis retrouvent le public manceau le 25 mars à la Salle des Concerts, à l'occasion d'une soirée organisée par la Corporation des Etudiants de la faculté de Lettres du Mans. Ils partagent l'affiche avec les Shouters, pour un concert qui connaîtra un beau succès. Le Maine Libre observe finement : « Que cette musique soit plus spécialement réservée, c'est possible ; elle ne déchaîne plus, mais entraîne c'est certain » [17]. Deux jours plus tard, Heaven Road, auréolé de sa récente victoire au Golf Drouot, passe en tête d'affiche à la MJC de Château-du-Loir, lors d'un concert organisé par les jeunes du foyer socio-éducatif. Le 9 avril, le groupe remporte un véritable triomphe au Kent, à Clohars-Carnoët (Morbihan), dans le cadre d'un grand gala de pop music organisée par le Club Ecossais. Heaven Road se produit en compagnie de Expression (Laval) et de Virus (Lorient). Le quotidien local La Liberté fait le lendemain un compte-rendu très enthousiaste du passage des manceaux : « Jouant un ton au-dessus [d'Expression] et s'appuyant sur un excellent batteur et sur un extraordinaire chanteur, le Heaven-Road du Mans s'attacha ensuite à illustrer ce que peut être le pop quand on le joue selon son cœur. Ce groupe eut aussi l'immense mérite de porter l'ambiance jusqu'à la surchauffe. » [18]
Jean-Louis Briand, live 1971
Le prochain grand concert de Heaven Road connaîtra une fréquentation guère plus satisfaisante que celle du précédent, à la Salle des Concerts. Le groupe est programmé le 3 décembre à Saint-Nicolas (Laval), avec d'autres habitués des planches mancelles, le Ramsey Set et les Shouters. Le concert se tient sous chapiteau, devant près de quatre cent-cinquante jeunes frigorifiés. C'est le premier événement du genre à Laval, et un vrai bouillon pour ses organisateurs. Ce qui est vraiment dommage, au vu de la qualité de l'affiche. Vieux de la vieille, en partie composés de mayennais, ce sont les Shouters qui se trouvent logiquement en tête d'affiche, mais la véritable révélation de cette soirée sera Heaven Road. Dans l'assistance se trouve le journaliste Jean Théfaine. Celui-ci est subjugué. Il écrit dans son article du lendemain : « Le [Heaven Road] fut remarquable par sa cohésion et la qualité de ses instrumentistes. André Beldent à la guitare solo et au chant, soutenu par l'excellent Michel Chevrier – homme orchestre – passant sans transition de la flûte aux saxos alto, ténor ou soprano, Richard Fontaine à la guitare basse, Christian Savigny à la batterie et Alec Richard à l'orgue, faisait penser par instant au Jimmy Page du Led Zeppelin. Heaven Road (la route du ciel) tourne comme une horloge sans plagier personne. La version que ses musiciens ont donné du « Left With My Sorrow » de Triangle le prouve à l'évidence : elle n'a rien à envier à l'original. Par ailleurs, le groupe interprète plusieurs morceaux de sa composition, carrés, solidement charpentés, où l'on sent les influences du Jethro Tull, de Colosseum et même par instant du Pink Floyd. De sérieuses références… […] Affaire à suivre de très près… » [26] Et malgré qu'il fasse ensuite l'éloge des Shouters dont la prestation démontre la cohérence, l'efficacité, le « métier solide » et « une maîtrise de leurs instruments remarquable », Théfaine enfonce tout de même le clou en fin d'article : « Ce qui manque aux Shouters, c'est ce petit « supplément d'âme » indéfinissable que l'on trouve chez Heaven Road : le feeling. Une question de dosage, mais surtout une question de tempérament… » [27] « En fait, les Shouters jouaient vachement mieux que nous, et ce que Théfaine devait appeler le feeling, c'est le fait qu'on en rajoutait pas mal au niveau déchaînement dans le jeu de scène ! » [28]
[1] Jean-Louis Briand, mail 05/01/04
[2] Le Maine Libre, 12/01/71
[3] Rock & Folk, 02/71
[4] Le Maine Libre, 12/01 /71
[5] Yves Tribaleau, interview 24/03/04
[6] Richard Fontaine, interview 23/03/04
[7] Le Maine Libre, 29/03/71
[8] Ouest-France, 18/5/71
[9] Le Maine Libre, 13/9/71
[10] Richard Fontaine, interview 23/03/04
[11] Yves Tribaleau, interview 24/03/04
[12] Rock & Folk, 04/71
[13] Yves Tribaleau, interview 05/04
[14] Jean-Louis Briand, interview 24/03/04
[15] Jean-Louis Briand, interview 24/03/04
[16] Jean-Louis Briand, mail 05/01/05
[17] Le Maine Libre, 29/03/71
[18] La Liberté, 10/4/71
[19] André Beldent, interview fanzine « Exit », 02/99
[20] Id.
[21] Ouest-France, 18/5/71
[22] Yves Tribaleau, interview 24/03/04
[23] Jean-Louis Briand, mail 05/01/05
[24] Jean-Louis Briand, interview 24/03/04
[25] Le Maine Libre 13/09/71
[26] Ouest-France 4/12/71
[27] Id.
[28] André Beldent, interview 10/04/04
mercredi 14 mai 2008
Les débuts de Heaven Road (1968-70)
André Beldent (né le 16 juin 1951), arrive à Baugé (Maine-et-Loire) en 1961. Dès cette époque, il se passionne pour le rock'n'roll qui commence à déferler sur la France toute entière via les premiers disques de Johnny Hallyday, les Chaussettes Noires et les Chats Sauvages. « C'est un choix que j'ai fait très, très tôt » [1]. A la charnière des années 1962-63, il fait la découverte des Beatles, un véritable choc pour lui. C'est à ce moment qu'il prend ses premiers cours de guitare. « J'ai commencé à jouer de la guitare à l'époque des Beatles, j'écoutais donc les guitaristes des Beatles. Mais après, c'était plutôt les guitaristes de chez John Mayall qui m'ont influencé, il y a eu bien sûr Clapton, Mick Taylor, etc, et puis tous les bluesmen […] » [2]. Il fait ses débuts de musicien dans un orchestre de bal nommé Los Crescendos, au sein duquel il assure les fonctions de bassiste. En 1966, André intègre l'Ecole Normale de Garçons du Mans, où il gagne rapidement le surnom de Macson. Armé de sa première guitare électrique, une Kent demi-caisse achetée au Mans en 1967, il monte avec d'autres normaliens un groupe dont le nom évoque, non sans une touchante naïveté, les mythes et légendes du blues américain dont le son et l'esprit le passionnent depuis déjà quelques années. « Alors au départ, le groupe s'appelait le New Rainbow. Pourquoi, parce que nous étions tous issus de l'Ecole Normale du Mans, on cherchait un nom qui sonne, qui sonne blues. Et New Rainbow, ça sonnait blues, comme Mayall, les Bluesbreakers, comme tous les groupes de blues de l'époque. » [3].
Heaven Road, Changé, avril 1970 (André Beldent à l'harmonica)
Au début de l'année 1969, un autre normalien fait son entrée dans le groupe, cette fois au poste de batteur. Christian Savigny (né le 17 janvier 1952), surnommé Kick's, est lui aussi un véritable fou de musique, qui se révèlera être un autre personnage-clé de notre histoire. « Depuis tout petit, c'est-à-dire vers l'âge de trois-quatre ans, j'étais scotché en permanence au poste de radio, tournant le gros bouton du zapping (trois radios en France, mais on captait le monde entier en grandes ondes). J'ai aussi pris des cours de musique de 7 à 10 ans car je voulais être pianiste. Mes parents n'ayant pas les moyens, j'ai fait mandoline… Mes parents allaient beaucoup dans les bals. Je restais en admiration devant l'orchestre, passant toute la soirée à épier tous les plans des musiciens, passant derrière la scène pour mieux voir jouer le batteur et l'organiste-pianiste. J'ai donc une mémoire auditive très développée : si je ne connais pas toujours les titres, j'ai toujours gardé les mélodies en tête, y compris des airs de bal musette, des mambos et autres cha-chas des années 50 et toutes les chansons de variété depuis 55-56. Puis il y a eu Salut Les Copains, Johnny pour la révolte pré-ado, et les Beatles pour la révélation suprême ! Certains se souviennent de ce qu'ils faisaient quand ils ont appris la mort de Kennedy, moi je me souviens parfaitement de ce que je faisais et où j'étais quand j'ai entendu « She Loves You » pour la première fois, à l'été 63. Ma première radio n'existait que pour mes copains et moi, faite avec deux Teppaz, en 64-65. C'est là que j'ai commencé à faire des listes de chansons et d'artistes, mon hit-parade, mon journal de d'jeuns avec plein de couleurs et d'effets psyché. Je suis arrivé sur Le Mans en 67, j'ai découvert d'un coup le blues, la soul, les classiques du rock, le cinéma… Début 68, j'ai pris quelques cours de batterie et j'ai décidé de rejoindre le groupe de l'Ecole Normale fin 68. J'ai commencé en février 69 en tant que batteur, mais j'avais toujours l'illusion de pouvoir tenir les claviers un jour. » [6]
Heaven Road, Changé, avril 1970
Le noyau dur du groupe vient de se constituer. Les vocaux sont assurés par Michel Gaignard et les claviers tenus par Christophe Plettner, dont le père est proviseur du lycée de Château-du-Loir. Mais la formation ne se compose pas uniquement de musiciens : on trouve également au sein du New Rainbow deux normaliens qui assurent des fonctions de techniciens. Ce rôle d'hommes « de l'ombre » pourrait apparaître ingrat, mais Guy 'Guss' Bernardeau et Yves Tribaleau ont leur place à part entière dans le groupe, et leur collaboration s'avèrera toujours précieuse pour son développement. « J'ai commencé en 68. D'abord je suivais mes copains qui allaient jouer de la trompette, je faisais les éclairages. Puis j'ai fait de la sonorisation, sur une Binson six-voies. Tribaleau est arrivé au son, et moi je me suis occupé de l'éclairage, avec des portes d'armoire bricolées. » [7].
Guy Bernardeau, circa 1970
« J'ai travaillé avec Heaven Road de la fin de l'année 1968 à septembre 1973. J'étais normalien. Je suis entré à l'Ecole Normale à la promo 1965. J'étais en fait à l'E.N. des filles, en philo, où il n'y avait qu'une minorité de garçons. J'ai d'abord été roadie, puis sonorisateur. Après, je me suis occupé du management, d'abord en même temps que de la sonorisation, puis ensuite je me suis consacré uniquement au management. J'ai connu la toute fin du New Rainbow. » [8]
Yves Tribaleau, au volant du J7 du groupe, août 1972
Effectivement, au bout de quelque temps, sur une idée de Macson, The New Rainbow se débaptise : « Après, on s'est appelé Heaven Road, on a changé de nom, peut-être que c'était plus facile à prononcer, je ne sais pas, je n'ai pas un souvenir exact de cette période. » [9]. Le groupe se produit maintenant de façon beaucoup plus régulière et intègre le circuit des bals, une scène aujourd'hui révolue, mais qui aura marqué plusieurs générations de musiciens. Pour bien comprendre son importance, il faut se replacer dans le contexte de l'époque. Il s'agit d'une situation que l'on transposera aisément à toutes les provinces de France. A cette époque, il n'existe pas de structures repérées et appropriées pour les groupes de rock. Le bal est l'un des rares circuits qui puisse permettre aux groupes de se produire sur scène devant un public. De nombreuses formations sarthoises trouvent alors le moyen de s'exprimer sur scène, même si le 'baluche' reste un format aux aspects contraignants. Jusqu'au milieu des années 1960, époque à laquelle le rock parvient à trouver sa place dans les sélections des orchestres de danse, les bals sont presqu'exclusivement réservés aux amateurs de valse-musette et de paso-dobles. Pourtant, de plus en plus de jeunes musiciens tentent de faire évoluer les choses. Les Sparks, qui comptent en leurs rangs des musiciens manceaux et lavallois, sont de ceux-là. « Par précaution, on avait conservé un gars qui jouait de l'accordéon-bandonéon, ce qui permettait de faire des bals. […] Les soirées étaient basées sur des « séries de trois » : trois rocks, trois slows, après on faisait trois tangos, trois cha-chas. C'était toujours par séries de trois. […] On a commencé à jouer entre autres à Robinson, qui était au départ un endroit dans lequel on ne jouait que du musette. On a été le premier groupe à intégrer un maximum de musiques rock au cours des bals. » [10]
Les Sparks, 1964
Autrefois sis rue de l'Epau, aujourd'hui disparu sous les assauts des promoteurs immobiliers, le Robinson était un dancing réputé dont l'importance absolument incontestable dans le développement de la scène rock locale se mesure également à son empreinte dans le souvenir de la jeunesse de l'époque. Guy Gardon, collectionneur de disques et auteur de remarquables articles sur les groupes-pionniers de la scène rock mancelle des années 1960 à 1968, a fait du Robinson cette description émouvante : « Démunis de voitures ou de tout autre moyen de locomotion, la municipalité bienveillante mettait alors à la disposition des jeunes danseurs un service de bus gratuits avec deux départs et deux retours. Pris Place de la République, les cars nous transportaient jusqu'à l'entrée de la route de Paris, empruntaient un petit chemin de terre sur la droite, enjambaient un passage à niveau avant de nous déposer à la porte de ce lieu mythique où, lorsque les lumières se tamisaient, pour les slows, des rampes de néons ultra-violets transformaient nos chemises blanches et les cols des chemisiers des filles en autant de tâches phosphorescentes. » [11]. Le Robinson était tenu par deux vieilles sœurs jumelles, Lucienne et Marguerite Meunier, qui avaient pris conscience d'une demande du public jeune pour une programmation plus moderne que celle des bals traditionnels. Aussi, le Robinson constituera un lieu de prédilection pour beaucoup de groupes manceaux, dont Heaven Road, qui en deviendra un résident assidu. Les matinées du dimanche au Robinson se terminent très régulièrement par des bagarres pour le moins épiques. Lors d'une fermeture du Robinson, Heaven Road est attaqué par une bande de blousons noirs du côté de la route d'Angers. Les musiciens se font proprement démolir le portrait, tandis que le matériel est réduit en miettes. Puis, les loubards s'aperçoivent qu'il y a méprise, qu'ils se sont trompés de groupe en quelque sorte ! « Et puis après, ça s'est arrangé, on est devenus copains avec eux, et c'est vrai qu'après, les mecs, fallait plus nous toucher ! » [12] « Cet après midi-là, j'étais venu avec une copine, que j'avais ramenée ensuite. Et le temps que je fasse l'aller-retour, quand je suis revenu, tout le matos était cassé. Ça avait même été jusqu'à une confrontation au commissariat, où on nous avait demandé de reconnaître les types… Mais on a été grands seigneurs, on n'a rien dit. Bon, les gars avaient fait leurs excuses, et après, ils nous servaient de gardes du corps ! » [13]. Outre le Robinson, Heaven Road écumera souvent le Clair de Lune (sis avenue Félix Geneslay au Mans), tenu par l'accordéoniste et chef d'orchestre Michel Bénito. Une autre salle de bal, à Changé, accueillera régulièrement Heaven Road, dont il existe d'ailleurs quelques clichés pris sur cette scène, en avril 1970.
Heaven Road, Changé, avril 1970
Même si elle ne connaît pas l'effervescence de villes plus importantes comme Nantes, la ville du Mans a vu fleurir sur son territoire un certain nombre de formations rock depuis le milieu des années 60. Les pionniers en matière de musique de rythme au Mans ont pour nom les Sphynx, les Silhouettes ou les Sparks. Ces derniers sont de véritables vedettes sur toute la région des Pays de Loire. A la suite d'une scission intervenue en 1965, ils se muent en deux formations distinctes, les Shouters d'un côté et les « nouveaux » Sparks de l'autre. Dirigée par les frères Ravenel, cette deuxième mouture se spécialisera dans un rythm & blues de bon aloi, connaissant même son heure de gloire en 1968 lors d'un passage à la télévision dans « Bouton Rouge », émission-culte et pionnière des programmes musicaux rock en France. Les Shouters deviendront eux une référence incontournable sur la scène des bals dans tout l'Ouest de la France. « [Les Shouters] représentaient le summum de la qualité musicale dans la région. [14] […] C'était le gros groupe de la Sarthe. C'était de bons musiciens. Ils ont généré un courant, en plus c'était de la musique de bonne qualité, c'était rythm & blues, et à l'époque, c'était ce qui se faisait de mieux en matière de musique anglo-saxonne. A la suite des Shouters, il y a eu plusieurs groupes qui se sont formés, il y a eu le Ramsey Set, qui jouait du blues tendance Mayall, puis Heaven Road. » [15]
Les Shouters, 1970
Le Ramsey Set, en concert au Robinson, circa 1970
Entre-temps, d'autres formations auront fait les beaux jours du « Mans qui swingue », parmi lesquels les Redskins (dont le chanteur Albert Dubignon sera présentateur de l'émission « Tempos », sur la chaîne régionale FR3 Pays de Loire), les Blackers (qui comptent en leurs rangs le batteur René Guérin, que l'on retrouvera à partir de 1971 au sein de Martin Circus), ou encore les Shakin' All Stars, une formation mi-mancelle, mi-tourangelle qui connaîtra son heure de gloire entre 1966 et la fin de l'année 1967, à sa séparation.
Les Spirit's, circa 1968 (Michel Chevrier, 5ème à partir de la gauche)
Quelque temps plus tard, le chanteur Michel Gaignard laisse sa place au micro à un autre normalien, Jean-Louis Briand. Surnommé « Miror » depuis ses années de collège à Saint-Calais (Sarthe), Jean-Louis Briand est entré en seconde à l'Ecole Normale en 1965, à l'âge de 16 ans. Après s'être d'abord destiné à une carrière de professeur d'éducation physique et sportive, il se découvre une vraie passion pour le métier d'instituteur, qu'il exerce dès sa sortie de l'E.N. en 1970. Mais l'autre grande passion de Miror, c'est la musique, à laquelle il est amené à s'intéresser progressivement par le biais de divers facteurs, l'accès à la maturité au sortir de l'adolescence, l'influence de certains amis, les discussion à propos de l'actualité musicale, la lecture de magazines spécialisés, les sorties, mais également et surtout le contexte sociopolitique de cette époque : « Mai 68, même sans le Quartier Latin, c'était quelque chose pour un étudiant de 18-19 ans, d'origine ouvrière de surcroit ! » [17] C'est à cette époque que Miror prend conscience de l'importance d'artistes tels que Bob Dylan, Joan Baez, Donovan ou Leonard Cohen et se plonge dans l'étude de leurs textes et musiques. « Puis je me suis souvenu que je savais chanter, mais pour chanter Dylan il fallait jouer de la guitare ; j'ai donc commencé à gratouiller un peu de folk (un peu de picking, Steve Waring, Graeme Alwright), un peu de blues aussi (John Lee Hooker, Lightnin' Hopkins, John Mayall). » [18] Malgré son intégration tardive au groupe, la rencontre de Miror avec Macson se situe bien avant la formation du New Rainbow. En effet, dès 1966-67, les deux compères, respectivement en terminale et en seconde, avaient pris l'habitude de se retrouver régulièrement lors de l'interclasse de midi dans les chambres de l'internat des garçons pour taper des « bœufs » à la guitare sèche, harmonica et voix. « Je ne crois pas que le groupe était vraiment formé à ce moment-là, mais on n'était sans doute pas loin de The New Rainbow et je n'en étais pas encore. » [19]
Jean-Louis Briand, 1971
Si l'on regarde rétrospectivement le répertoire abordé en bal par Heaven Road à cette époque, on se trouve en fait face à un fabuleux juke-box, offrant le meilleur de la musique rock des années 1967-69. Démarrant sur de bons vieux rock'n'roll de la décennie précédente, « Good Golly Miss Molly » (Little Richard), « Around And Around », « Bye Bye Johnny » (Chuck Berry), la sélection mettait ensuite à l'honneur les grandes figures du mouvement du "british blues-boom", John Mayall en tête, avec « You Don't Love Me », « Walking On Sunset », « So Many Roads », « Tears In My Eye », « The Stumble », « The Same Way », « The Death Of J.B. Lenoir », « Blues City Shakedown », « California » et « Dust My Blues ». Au rayon des standards du blues à l'anglaise, on retrouvait également « The Sun Is Shining » et « Black Magic Woman » de Fleetwood Mac période Peter Green. Heaven Road s'intéressait également à un versant plus heavy du blues-boom, comme l'illustrent les reprises de « Can You See Me », « Fire » (Jimi Hendrix Experience), « Sunshine Of Your Love », « Crossroads », « I'm So Glad » (Cream), « Dual Carriageway Pain » (Taste), « The Lemon Song », « I Can't Quit You Babe » (Led Zeppelin), « Clown » (The Flock), « I Can't Keep From Cryin' Sometimes », « Stoned Woman », « Rock Your Mama » (Ten Years After), « Better By You, Better By Me », « Evil Woman » (Spooky Tooth). Le groupe faisait également un détour par quelques standards de la soul-music américaine (« Try A Little Tenderness », « In The Midnight Hour »), du blues (« Statesboro Blues », « I Put A Spell On You », « Summertime ») ou de la pop anglaise (« Day Tripper » des Beatles, « Child Of The Moon » des Rolling Stones).
Michel Chevrier, Changé, avril 1970
A ces deux influences majeures s'ajoute celle de formations peut-être moins populaires, et qui touchent davantage à l'avant-garde, comme King Crimson ou Soft Machine (que le groupe verra d'ailleurs en concert au Théâtre Municipal du Mans le 12 mars 1970). Miror précise aujourd'hui : « Bon, Soft Machine, c'était une influence, mais on n'allait pas s'aventurer sur leur terrain, au niveau basse, batterie, claviers. » [22]. Néanmoins, Heaven Road n'hésite pas à proposer lors des bals qu'il anime, une reprise du très aventureux « Hibou, Anemone And Bear », extrait du second album de la machine molle. De même, le groupe inscrira à son répertoire quelques reprises du King Crimson des tout débuts, comme « Moonchild » ou « 21st Century Schizoid Man ». Pink Floyd constitue une autre influence marquante, tant pour le son que pour la démarche. A cette époque, le Floyd est encore un groupe underground qui marquera beaucoup les Français par sa capacité à élaborer de grands concepts et à défricher de façon acharnée, produisant une musique extrêmement innovatrice mais qui sait pourtant rester accessible. Alors que l'influence du Floyd devient perceptible dans ses compositions, Heaven Road propose dès cette époque une fantastique version de « Astronomy Domine », l'un des morceaux caractéristiques du Floyd première manière. « Ces reprises étaient l'occasion pour tous de travailler et donc de progresser, elles étaient généralement appréciées par un public connaisseur qui aimait bien nos interprétations à la fois fidèles et créatives. » [23]
Les Field Flowers, circa 1966-67, répétition au cinéma Le Royal (Alec Richard aux claviers)
« Dans les bals de Heaven Road, il y avait toujours une partie concert, dans laquelle ils jouaient leurs compositions. Je me souviens avoir remarqué à un moment que cette partie connaissait un succès grandissant, j'étais étonné de voir autant de personnes aux concerts. Je crois que c'est moi qui ai eu l'idée de passer totalement au format concert. » [26] Cet abandon délibéré de la formule bal représente une évolution d'une importance capitale dans le parcours de Heaven Road. Cette évolution coïncide d'ailleurs avec une certaine prise de conscience des organisateurs locaux qui comprennent à cette époque que le circuit des bals est tout-à-fait inadapté pour les nouveaux groupes de rock, qui ne peuvent plus se satisfaire d'un cadre à ce point restrictif. En effet, si le rock avait encore sa place dans les baluches quelques années plus tôt en tant que musique de danse, un tel compromis n'est raisonnablement plus possible en 1970, à l'heure d'une nouvelle cérébralité du rock, qui devient par conséquent bien moins une musique à faire danser qu'à ouvrir les esprits. D'où une impérieuse nécessité de créer un réseau spécifique, propre à cette nouvelle scène. Dans cette optique, un premier concert est organisé à la Salle des Concerts du Mans. Une demi-douzaine de groupes locaux, parmi lesquels Heaven Road, le Ramsey Set, Synthèse ou les Wind-Screen-Wipers, se produisent le 16 décembre 1970, devant une salle comble. Ainsi, en termes de participation du public, l'expérience est concluante. L'accueil réservé aux groupes est des plus enthousiastes, mais aucun débordement ni incident ne viennent entacher le bon déroulement de la soirée. C'est en soi une petite victoire pour les organisateurs car de précédentes tentatives, quelques années auparavant, avaient connu ce type de revers et avaient contraint leurs initiateurs à abandonner l'expérience. La Salle des Concerts du Mans, petit théâtre à l'italienne sis rue de la Comédie, était jusque-là davantage fréquentée par les mélomanes amateurs d'opérette ou de musique classique, accueillant également un grand nombre de conférences et réunions publiques. Du fait de ses configurations techniques appréciables, et par ses tarifs de location somme tout assez modiques, elle va devenir un lieu repéré et identifié pour les groupes et organisateurs locaux. Cette salle aura même une certaine importance symbolique pour Heaven Road, qui en fera l'une de ses scènes de prédilection, prenant l'habitude dès cette époque d'y donner chaque année un concert de rentrée afin de présenter au public manceau son nouveau spectacle.
[1] André Beldent, interview 10/04/04
[2] André Beldent, interview 15/05/99, émission « Progfest » (Radio Alpa)
[3] Id.
[4] Christian Savigny, interview 12/04
[5] Richard Fontaine, interview 23/03/04
[6] Christian Savigny, mail 26/03/04
[7] Guy Bernardeau, interview 10/04/04
[8] Yves Tribaleau, interview 24/03/04
[9] André Beldent, interview fanzine « Exit » 02/99
[10] Jean-Pierre Leguay, interview 08/02
[11] In Le Club des Années 60, n°34 (janvier 2003), page 31
[12] André Beldent, interview fanzine « Exit » 02/99
[13] Jean-Louis Briand, interview 24/03/04
[14] André Beldent, interview 15/05/99, émission « Progfest » (Radio Alpa)
[15] André Beldent, interview fanzine « Exit » 02/99
[16] Guy Bernardeau, interview 10/04/04
[17] Jean-Louis Briand, mail 05/01/05
[18] Id.
[19] Id.
[20] Jean-Louis Briand, mail 05/01/05
[21] André Beldent, interview 10/04/04
[22] Jean-Louis Briand, interview 24/03/04
[23] Jean-Louis Briand, mail 05/01/05
[24] André Beldent, interview 10/04/04
[25] Id.
[26] Yves Tribaleau, interview 05/04